Dans un demi-sourire, Shinobu quitta le bureau d'administration et s'engouffra au hasard dans l'un des nombreux couloirs qui s'offrait à lui. Il venait de finir son inscription, et possédait enfin son numéro de chambre et son emploi du temps. Autrement dit, il faisait maintenant partie intégrante du lycée. Et cela le rendait à la fois heureux et triste. Cet établissement était renommé et sympathique, certes, il allait sûrement bien s'y sentir. Mais il adorait son ancienne école... S'il l'avait quitté, ce n'était qu'à cause d'un stupide amour raté. Il passa une main devant son visage, dans l'optique de chasser les souvenirs qui semblaient remonter à la surface. Il ne pouvait décemment pas se mettre à y penser, pas maintenant, pas ici. Ne commençant les cours que le lendemain, il erra sans but particulier dans le couloir, jusqu'à arriver à une porte qui donnait sur l'extérieur, sur un grand jardin. Sans réfléchir, il s'y aventura. Il y avait pas mal de monde, sans doute parce que c'était un bel après-midi, qui annonçait doucement le début du printemps. Shinobu eut un sourire paisible, lorsqu'il sentit une brise tiède caresser son visage, et releva mécaniquement sa tête vers le firmament. Il resta un moment comme ça, ses yeux contemplant le ciel bleu, clair, dénué de tout nuage, puis se décida finalement à bouger.

Son sac de cours porté sur une épaule, il s'avança donc, évitant soigneusement les élèves présents. Naturellement timide et introverti, tout en lui refusait de faire une nouvelle rencontre. Ses TOC jouaient aussi dans cette solitude. Et pourtant, il serait bien obligé, quand il irait dans sa nouvelle classe, de se confronter à des inconnus et de se lier d'amitié. Pour bien vivre, il allait devoir apprendre à faire des rencontres et à entretenir des relations sérieuses, même s'il n'en avait pas envie. A cette pensée, il soupira longuement et passa nerveusement une main dans ses cheveux chocolats, tout en observant les alentours. Ses yeux s'arrêtèrent sur un banc libre qui se trouvait non loin de lui. Ni une, ni deux, il marcha dans sa direction, un peu plus vite que précédemment. Il gardait la tête baissée, afin d'échapper au regard d'autrui. Si bien qu'il se heurta malencontreusement à quelqu'un.

Mécaniquement, avant même de s'excuser, Shinobu recula immédiatement, ne supportant que très mal les contactes physiques. Il frotta ses mains contre lui, pour enlever d'invisibles saletés, puis se décida enfin à lever la tête en direction de l'inconnu.

« Je suis désolé, je ne regardais pas devant moi. » dit-il, d'une voix à la fois douce et sèche.

Il détourna les yeux, n'osant pas observer celui qu'il venait de bousculer.